Une si belle et si douce présence

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Une si belle et si douce présence

Louise Monette
Louise Monette

Ce mois-ci, je tiens à vous parler de madame Louise Monette qui prendra sa retraite de la Caisse Desjardins de Montcalm et de la Ouareau en juillet. Je n’ai pas l’habitude de m’avancer tout de suite mais j’ai le goût de la définir d’emblée afin qu’un joli voile flotte sur tout mon texte car Louise est un être de bonté et de gentillesse.
Sa mère, Laurette Saint-Georges, de la grande famille des Saint-Georges, vient de Saint-Michel-des-Saints. Son père avait un contrat avec une compagnie de coupe de bois au lac des Cyprès. À Saint-Donat, on l’aime beaucoup et on a apprécié sa belle voix, son réel talent à moduler les événements festifs et religieux. Elle a longtemps chanté dans la chorale de l’église, d’abord à Saint-Michel-des-Saints puis ici. Louise m’a beaucoup parlé de sa mère : « Comme ma grand-mère Anna-Maria qui a eu 19 enfants en 20 ans, maman avait eu ses 8 enfants, 4 filles et 4 garçons à l’âge de 28 ans, tout en travaillant pour la compagnie au lac des Cyprès . Elle ne s’est jamais, jamais plainte. On était pauvres raides à cette époque mais elle nous cousait de beaux vêtements et nous élevait dans le bonheur et le plaisir agrémentés tout le temps de balades, de chansonnettes, du Charles Trenet entre autres ». Le père de Louise, Fernand Monette, travaillait pour la Consolidated Bathurst (la Consol) à Saint-Michel-des-Saints. C’est là qu’il a rencontré Laurette. C’était un conducteur de ‘garrette’, c’est-à-dire de débusqueuse, cette engin forestier qui sert à sortir les grandes grumes (troncs d’arbres abattus, ébranchés et écimés) pour les mettre sur un lieu de dépôt en forêt ou au bord d’un chemin forestier. On appelait aussi ces machines qui opèrent souvent quasi à la renverse, des « timberjack ». Fernand a eu la chance d’être élevé par son grand-père Louis Monette qui habitait sur ce qui est aujourd’hui la route 329, tout de suite après le golf. Fernand est décédé à 54 ans, souffrant d’une maladie pulmonaire. Laurette est maintenant remariée à monsieur Claude Lafond, un très gentil et très aimant monsieur qui figure souvent dans les albums de famille.
Louise a fait toutes sortes de boulots avant d’entrer au service de la Caisse en 1989. Bien sûr, elle a gardé des enfants puis elle a été engagée à la Perdrière, base de plein air, où « elle lavait la vaisselle pour 200 personnes ». Ensuite elle a travaillé au Château-du-Lac alors qu’elle aidait parallèlement sa mère propriétaire du restaurant l’Escale dont je me souviens parfaitement. Les premiers mets chinois du village ! Louise occupera aussi un poste à la Société des alcools du Québec et elle passera 4 très belles années à l’épicerie Nadon de la rue Principale. Suzette et Gilles Nadon et leurs deux fils l’aimaient beaucoup. Ils disaient et disent encore : « On a deux garçons et une fille dans notre famille ». Elle continue de les voir bien sûr surtout que bien des gens sont encore persuadés qu’elle fait réellement partie de la famille !
Enfin elle deviendra caissière à la Caisse Desjardins où elle trouvera son bonheur. D’un premier mariage, Louise a deux enfants : Marc-André qui a épousé Julie Charette et Stéphanie qui aura bientôt son troisième enfant avec son Claude. Louise est maintenant la conjointe de Victor Charette, fils d’Henri et de Claire Charette de Saint-Donat. Cette belle grande famille compte 12 enfants, toujours vivants.
Le leitmotiv de Louise Monette, c’est la bonté, la bienveillance. Elle est bénévole pour plusieurs causes. Je nommerai le Relais pour la Vie ; celui de Saint-Donat / Sainte-Agathe qu’elle a fait plus de 10 fois avançant de 19h à 7h le lendemain sans s’arrêter et celui de Montréal, 2 fois 60 kilomètres et 1 fois 30 kilomètres (de jour cette fois). Elle fait partie des Filles d’Isabelle et, là, je me dois de donner une longue explication. Louise adorait chanter à la Fête des Mères, à la Fête des Pères et à Noël pour les bénéficiaires du Foyer de Saint-Donat. « Je les connais tous depuis tellement longtemps. À Noël, je les faisais chanter et danser ou je leur tenais la main pour les faire tourner avec leur chaise roulante. Beaucoup ne nous reconnaissaient pas ou ne se souvenaient pas mais moi je sais qu’ils sentaient ce qui se passait, une sorte de félicité, une aubaine de bonheur ». Très présente auprès de chacune de ses sœurs et chacun de ses frères, elle aime les aider à déménager, poser une fermeture éclair, changer une doublure de manteau, toujours en chantant. « Les 16 enfants Saint-Georges ( 3 sont décédés) étaient des rossignols comme maman. Ils ont été choisis pour chanter à l’Oratoire Saint-Joseph, tu imagines ? Pour l’anniversaire de maman, quand elle a eu 70 ans, les 8 enfants présents ont chanté. Yves est même venu d’Allemagne où il habite ». J’ai eu la chance d’apporter chez moi plusieurs textes des chansons composées par Louise et une d’Yves qui est vraiment belle. Il me faut ajouter que Louise m’a parlé de monsieur Victor Granger qui jouait de l’accordéon pour les dîners de Noël au Foyer alors que monsieur Harold Gagné faisait le Père Noël. Un beau Père Noël car sa femme Madeleine venait toujours lui placer son habit pour qu’il soit parfait. Ce couple a assisté le prêtre pour la messe pendant plusieurs années… Louise, elle, faisait la Fée des Étoiles et distribuait les cadeaux.
La musique est extrêmement importante pour Louise. Elle ne peut pas s’empêcher de composer, même la nuit. Elle note des phrases, une mélodie, une tonalité sur un bout de papier pour ne pas oublier. Pas de doute, pas d’inquiétude. Quand elle s’avance c’est d’un cœur à d’autres cœurs. J’ai apporté à la maison copie des chansons qu’elle a composées pour souligner presque tous les événements de ses années à la Caisse. C’est beau. Avec elle jamais de dièses, ils sont trop affirmés, toujours des bémols, des nuances.
Le 24 juillet, Louise prendra sa retraite à la Caisse Desjardins de Montcalm et de la Ouareau. « Comment je vais faire ? Mon Dieu j’aime ça travailler là. Ça n’a pas de bon sens. En dedans, c’est comme sensible. Je regarde les gens puis je me dis : mon Dieu, eux autres ne viennent qu’une seule fois par mois. Ils ne le savent pas. Ça ne se peut pas que je ne les revois plus jamais. J’aime le monde. Les accueillir, les aider, ça me calme, ça me donne de la sérénité, une force spirituelle je dirais même ». « Tous nos gestionnaires, celles et ceux qui dirigent et administrent la succursale de Saint-Donat agissent vraiment pour que les comptes soient bien gérés tout en se sentant responsables du bien-être des gens. Les sessions de formation sont bien appréciées ». Puis Louise s’est mise à me parler avec force insistance de chaque membre du personnel au point où il m’est impossible de tout raconter.
Louise Monette a accueilli beaucoup, beaucoup de gens et en a aidé tout autant. Elle les salue par leur nom, désamorce quelques petites bombes car « même les plus difficiles à aider sont gentils avec moi », cherche l’information, une aide à apporter à des gens que la modernité désarçonne et assure le client d’une confidentialité, d’une discrétion absolue « de la même façon que ma sœur Lorraine agit à la pharmacie ». Vous avez remarqué ? Elle revient toujours à son patrimoine, à sa famille. Quand je lui fais approuver mon texte, elle s’est soudainement emportée. « Mon Dieu, Nicole, j’espère que tu leur a dit que j’aimais mon travail à la caisse. Je ne sais pas comment je vais faire. On est une si belle équipe. On s’entraide, on se respecte. Il n’y a jamais de compétition. J’ai jamais vu ça ». Elle ajoute : « Oh, et puis tu peux dire qu’aujourd’hui je reviens d’un pique-nique à la Chute-aux-Rats avec maman. À 85 ans, elle est montée jusqu’en haut, au belvédère ».
Je l’aurais encore et encore serrée dans mes bras. Mais oui, Louise, je leur ai dit. À plusieurs reprises, tu m’as joliment avoué que quand tu étais petite, tu croyais – et tu le crois encore – que le jour de ton anniversaire était le jour le plus spécial, le plus beau de l’année. Garde cette impression car elle est vraie. Tu pars de la Caisse le 24 juillet presque en même temps qu’à la date de ton anniversaire. Il n’y a pas d’autre « toi » dans le monde. Tu es unique.

Nicole Lajeunesse
(819) 424-1912