Les débuts de la " montagne des millions ". À cause de l’énorme potentiel que représentait la découverte de la silice, nouvelle source de revenus pour le village, la mine fut surnommée un temps : " la montagne des millions ". En 1990 j’ai rencontré M. Georges Blix à qui je demandais de me parler des débuts de la mine. Voici ce qu’il m’a raconté. Georges Blix est né en Saskatchewan d’un père d’origine norvégienne. Il quitte son village natal de Tugaske vers l’âge de19 ans pour venir s’établir dans l’est du Canada. Avant d’arriver à Saint-Donat, il travaille quelque temps aux mines de Belle Rive près de Nominingue, à Labelle en 1953 pour la Dominion Silica Corporation et à Saint-Rémi d’Amherst.
À Saint-Donat, il débute à l’été 1954 pour la Dominion Silica Corporation dont le bureau chef est à Lachine. Après avoir acquis les droits miniers, la Dominion Silica donne un contrat à Yvon Ayotte pour dégarnir une partie de la montagne et faire un chemin qui monte en ce temps-là du côté du chemin Hector-Bilodeau. La machinerie appartient à son frère Marcel. Georges Blix qui ne parle pas français au début, engage comme contremaître Fernand Aubin qui parle un peu l’anglais. Parmi les premiers travailleurs, on retrouve : Omer Deslauriers, Georges Ritchie, Tom Regimblad, Viateur Durand, Archie Rivest, Paul Bernard, Gilbert Issa, Siméon Levert, Roland Levert, Marcel Hébert, Claude Cadot, etc. Progressivement la compagnie installe de l’équipement qui accroît la production et également facilite le travail des hommes. Les quatre premières années, les hommes cassent la pierre à la masse dans les boîtes de camions même. Ça prenait du bras et du vouloir. Vous imaginez, après une semaine d’ouvrage ! Au début, on transporte la pierre par camions, des 6 roues, Ford ou Dodge contenant 8 à 9 tonnes de matériel, aux gros chars à Sainte-Agathe en direction de Lachine. Jos Berthiaume, William Légaré, Josaphat Charbonneau et Donat Regimbald les ont conduits, ces camions. Georges Blix compte beaucoup sur Paul Bernard. Il comprend vite et sait se débrouiller dans la construction d’équipements pour la mine. Il sait lire les plans et les mettre en application. C’est lui qui construit ce qu’ils appellent le "Primaire" en 1957, un broyeur qui permettra aux hommes d’abandonner définitivement la masse pour casser la pierre. Deux ans plus tard, il construit les fondations des silos qui stockeront (emmagasineront) la pierre concassée, ce qui permet d’en produire davantage. Vers cette époque la Dominion Silica caresse un projet de construire une usine à Ivry pour le raffinage. Elle envisage de transporter le minerai par une ligne de chemin de fer qu’on ferait construire entre Saint-Donat et Ivry, en passant du côté nord-est du lac Archambault rejoignant celle du petit train du nord. On dit même que la compagnie avait acheté un terrain à Ivry. Évidemment cela n’a pas été plus loin qu’un projet. Pour ceux qui ont connu Claude Cadot, farceur, joie de vivre, voici une petite anecdote. Quand Claude a entendu parler du chemin de fer pour la première fois, sérieux come pas un ! il est parti voir les hommes de la mine et Georges Blix et leur a dit : " Soyez pas inquiets , hier j’ai bien averti mes enfants et je le leur ai dit que j’en voie pas un "bip, bip,, ni un bap, bap... " aller jouer sa trac après l’école " ! Il en a fait rire du monde ce Claude Cadot. C’était juste un projet ! Tout de même, imaginons un peu prendre le train au lac Archambault aujourd’hui !
Au cours des années 1960 on cesse l’utilisation du train et c’est par camions, des 10 roues, qu’on transporte le minerai à Lachine puis vers St-Canut et Trois-Rivières. Après la Dominion Silica, d’autres compagnies lui succèdent et depuis 1990 c’est UNIMIN dont le siège social est à Toronto, qui en est propriétaire. Aujourd’hui, on compte une quinzaine de travailleurs. Pour cette série d’articles, mes remerciements vont à messieurs Georges Blix,Viateur Durand et Gilbert Lafleur.
Suite à ces articles, je suis à la recherche d’anciennes photos de la mine comme des travailleurs en action, des chauffeurs déchargeant leur matériel à la gare et aux autres endroits ou des documents comme des droits miniers. S’il y a eu d’autres endroits de prospection dans les environs, j’aimerais bien qu’on m’en informe. À ce sujet j’ai déjà entendu parler d’un endroit dans le Parc du Mont-Tremblant.
Photo-vignette : En 1956-57, on entreprend la construction du "Primaire". La grue et le camion appartiennent à Sicotte Transport. Cette machine munie de deux grosses roues à air fonctionne à l’aide d’un moteur électrique de 150 forces. Pierre Parent, un machiniste de Sainte-Agathe, était chargé des travaux d’entretien.
Note. (Correction mai 1995 pour la mine) Un retour sur les articles de la mine de silice. Outre le fait que certains l’appelaient "La Montagne des Millions", d’autres personnes m’en ont parlé et mon donné une autre version très intéressante et plus juste, je crois. Cette appellation est : "A Million Dollar View Mountain". Bien avant l’ouverture de la mine, on faisait du foin sur cette montagne. Le sommet s’en trouvait donc dégarni, ce qui offrait une très belle vue sur le village et même sur les lacs Ouareau et Archambault. Cela valait un million au dire de plusieurs personnes ! On retrouverait d’ailleurs ce nom sur d’anciennes cartes topographiques. On raconte que cette appellation viendrait de touristes anglophones qui n’en revenait pas de ce magnifique panorama.
Source : Claude Lambert, anthropologue-historien, Journal Altitude 1350. Mars 1995