C’est ce que l’on chantait à la cérémonie du salut, chaque soir à l’église à 17h. C’est aussi le mois où l’on cueille du carcajou. Où l’on cueille du quoi ? Oui, oui, du carcajou ! Dans le livre Plantes sauvages printanières de l’auteur Gisèle Lamoureux, c’est ainsi qu’on le nomme. Dentaria iphylla est un cresson de la famille de la moutarde dont le goût rappelle celui du raifort. Le nom abénaquis signifie « petites veines » à cause des racines qui serpentent dans le sol. Les Amérindiens l’employaient couramment comme condiment. La plante crue est une source de vitamine C. On le trouve dans les types d’érablières à sucre, particulièrement sur les sites humides et le long des cours d’eau. Personnellement, je le cueille en bordure du lac Archambault. Où exactement ? Ah... ça c’est mon secret ! “Lutte de David contre GoliathApela contre Laforge Canada inc. et Excavation R.B. Gauthier inc. Bref retour dans les années 2002-2003, où l’Apela mène une bataille acharnée contre l’extraction à une échelle industrielle d’une sablière sur un lot près de la rivière Michel.
Pendant l’année 2002, Laforge & Cie, sans permis d’exploitation du ministère des Richesses naturelles du Québec, excave du sable pour environ 120 000 tonnes. Le 20 juillet 2003, la compagnie obtient, sans aucune étude d’impact, un permis exclusif de 10 ans, renouvelable pour un autre 10 ans, par le ministère des Richesses naturelles. Il n’en faut pas plus pour que l’Apela monte aux barricades, Une roulotte est installée à proximité de la résidence de la famille Régimbald où les samedis et dimanches, de 10h à 17h30, des bénévoles mènent une campagne de visibilité, de sensibilisation, d’information et de recrutement. Deux problèmes en jeu, liés mais distincts : un problème social et environnemental, qui est l’exploitation industrielle et massive d’une sablière/gravière près de la rivière Michel, dans une zone à protéger écologiquement et à vocation touristique ; un problème de sécurité publique et de nuisance, avec la circulation intense de camions lourds (26 roues, 40 tonnes de charge) pour sortir le sable ou le gravier. Le chemin Régimbald n’a jamais été prévu pour le camionnage lourd et intense car il est trop étroit, il a un tracé de côtes et de courbes qui est incompatible avec des camions de cette largeur et longueur, et son revêtement incompatible à ces charges trop fortes : nids de poule, plis, effondrements, etc. Le 26 janvier 2003, le conseil d’administration de l’Apela a résolu de s’opposer à tout transport lourd de nature industrielle sur toute la longueur du chemin Régimbald et de prendre toutes les dispositions nécessaires pour faire respecter les droits des propriétaires riverains.
Le 1er février 2003, on adresse une lettre à André Boisclair, alors ministre d’État aux Affaires municipales et à la Métropole, à l’Environnement et à l’Eau, dans laquelle on sollicite une rencontre. La lettre est signée par Richard Bienvenu, délégué par l’Apela, et par Mme Suzanne Brouillet, présidente. Des copies conformes sont aussi adressées aux ministres Richard Legendre, François Gendron, Rémy Trudel, au député Claude Cousineau, au préfet de la M.R.C., Daniel Brazeau, au président du CRD de Lanaudière, Alain Larue, au président du CRE de Lanaudière, Mario Harvey, et au maire de Saint-Donat, Pierre Poudrier. La municipalité se prononce officiellement contre l’exploitation de la sablière. M. Jacques Cotnoir, membre du C.A. de l’Apela et responsable des communications et du site Internet, met toute son énergie à publiciser ce conflit : pétitions, communiqués, lettres. À chaque mois, il publie un article très bien étoffé dans Le Journal Altitude 1350 de Saint-Donat. Il entretient, au nom de l’Apela, une correspondance soutenue avec les instances du ministère des Ressources naturelles, du ministère de l’Environnement et du ministère de la Sécurité publique tant du gouvernement du Parti Québécois que du gouvernement libéral qui prend la relève en 2003.
Un comité d’action chemin Régimbald se réunit 18 fois entre le 3 janvier 2003 et le 7 septembre de la même année. Ses membres sont : Suzanne Brouillet, Pierre Bertrand, Jacques Cotnoir, Marcel et Jeannine Régimbald, Rytes et Sylvain Bulota, Michel Brunet, Daniel Caron, Dominique Raymond, Michael Doyle, Dominique Bouchard, Jean Langevin et Richard Bienvenu.
Enfin, les travaux de construction de la nouvelle route Saint-Donat - lac Supérieur étant terminés, donc fin du besoin de gravier, additionné aux intenses pressions de l’Apela, font que les compagnies retirent leurs équipements et quittent la sablière de la rivière Michel : David a vaincu Goliath !
Source : Pierre Forget, Journal Altitude, mai 2011