Une femme remarquable, fière descendante d’une famille pionnière

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Une femme remarquable, fière descendante d’une famille
pionnière

Deuxième partie

Je commence par une histoire personnelle. Pour une soirée au moment de la crise du verglas j’étais chez un ami juif d’origine marocaine, monsieur Henri Bensimon. On parlait de ce phénomène extraordinaire qu’est l’électricité : « C’est incroyable . Il y a une plaque en porcelaine au plafond, une ampoule et une chaînette qui pend. Tu tires sur la chaînette et tu as de la lumière. Tes besoins, tes nécessités… ça résout tout ». Henri a alors dit de sa douce voix d’artiste : « Moi, ce qui me fascine, c’est la chaînette ou la corde, le relais quoi ». Henri est un brillant ingénieur, il aurait pu aller ailleurs., il a choisi ces mots-là. Ce qui m’amène à madame Françoise Nadon. Elle a une volonté difficile à égaler, elle a fait de longues et sérieuses études, elle est forte de références sûres et va sur tous les terrains mais je dirais qu’en toute connaissance de cause, au fond, elle ne fait que tendre aux gens des ficelles à tirer.
Françoise a enseigné pendant 26 ans tant au primaire qu’au secondaire en ayant comme leitmotiv de faire naître chez les jeunes un sentiment d’appartenance doublé d’une responsabilité vis-à-vis leur environnement et leur communauté. Dès le début de notre entrevue, elle a posé les 4 objectifs qui ont accompagné toutes ses actions : écologie, solidarité, pacifisme et démocratie. Dès 1974, elle a été à l’origine du recyclage à Saint-Donat, ce qui est vraiment avant-gardiste, puis a fait partie du Comité de l’environnement de Saint-Donat. Pourtant, une réalité pressante s’imposait à Françoise, la maman. Avec un comité de gens d’exception, elle ouvre la première garderie appelée La Chenille dans sons sous-sol et envisage sérieusement de créer un programme appelé « option plein air/environnement » à son école secondaire. En même temps. Mais attendez ! À l’école institutionnelle Sacré-Cœur de Saint-Donat, il n’y avait pas assez d’élèves inscrits, pas de gens exercés en environnement et seulement quelques embryons d’expériences initiées. Qu’à cela ne tienne, Françoise savait qu’il y avait une chaire à l’Université du Québec susceptible de l’alimenter et de l’orienter. À la fin d’une conférence, elle a posé une question : « Est-ce que quelqu’un veut m’aider à travailler dans mon milieu, être impliqué pour que notre école devienne un des Établissements Verts de Bruntland ? » Elle croyait qu’il serait possible d’avoir des élèves qui viennent d’ailleurs que ce soit de Sainte-Lucie, Val-David, Sainte-Agathe ou Saint-Sauveur. Les élèves viendraient chez nous pour le projet Nature-Études, option plein air et environnement. Elle avait bien sûr des alliés essentiels en l’occurrence madame Lorraine Vaillancourt et monsieur Alain Massé alors elle obtient l’acceptation de la Ministre de l’éducation et responsable de la famille, madame Pauline Marois et de la Commission scolaire des Laurentides. Madame Marois lui écrira alors : « Votre contribution à la formation des décideurs et décideuses de demain ne saurait être sous-estimée » (27 février 1997).
Françoise a déjà mis sur pied, grâce à l’intérêt de madame Louise Beaudry, un parc école et un jardin communautaire près de l’école Sacré-Cœur pour lequel monsieur Yves Rocher a fait don d’un arbre fort coûteux. Les écoles dites écoles vertes Brundland reconnues pour leur engagement à un monde de beauté et d’équilibre, pacifique et solidaire sont admirées et respectées partout et elles ont donc une vie chez nous à Saint-Donat. Mais d’où vient cette appellation ? Ce nom vient de madame Gro Harlem Bruntland, première ministre de Norvège qui, en 1983, a présidé la Commission mondiale de l’ONU sur l’environnement et le développement. Une date très importante. Au Québec, c’est madame Monique Fitz-Back qui s’est impliquée pour que ce concept unique reste vivant et fidèle aux 4 objectifs cités précédemment. Toujours en 1983 Françoise, la cheftaine, a mis sur pied 4 unités des Éclaireurs de Baden Powell avec Jean-Marc Perron et Daniel Filion. En 1997, Françoise se présente à la mairie de Saint-Donat toutefois elle perdra par seulement 20 voies. De 2007 à 2014, elle agit à titre de commissaire à la Commission scolaire des Laurentides.
La vision globale de Françoise s’accompagne d’une puissance, d’une énergie, d’une audace et d’une vaillance incroyables. La chronologie des avancées est quasi impossible à établir mais quand elle m’a détaillé sa vie, elle n’a jamais omis de nommer chacune des personnes qui l’ont épaulée. J’en ai conclu que ces personnes mériteraient aussi qu’on les nomme encore et encore même si, pour cet article, c’est quelque chose que je ne peux réaliser. Pour poursuivre, j’ajouterai que Françoise a instauré la collecte de vélos (Cyclo-Nord-Sud) pour que les vélos aient une deuxième vie dans les pays sous-développés. Elle s’est aussi impliquée lors des débuts de la SHEDO, la Société d’horticulture et d’écologie de Saint-Donat et est cofondatrice de l’Université du troisième âge (UTA) de Saint-Donat avec Louise Beaudry et Micheline Vallières qui est la présidente actuelle.
Comment ne pas mettre en évidence maintenant ses voyages humanitaires ? En 2001, Françoise fait partie de la délégation québécoise au sein de 42 pays qui se retrouvent à l’UNESCO pour rédiger un texte extrêmement important qui sera présenté au Sommet mondial du développement durable à Johannesburg. Avec monsieur Mario Thibault, d’abord invité comme laïc dans sa classe pour informer les élèves puis devenu prêtre et facilitateur de projets, elle fait 5 voyages en République Dominicaine et au Pérou avec des adolescents pour aider les habitants des pays visités. Si elle est allée en République Dominicaine c’est en grande partie grâce à Jean-Guy Morin et au conjoint de Françoise, Germain Monette qui a appris l’espagnol et était donc à même d’aider à toute l’organisation là-bas. Elle accompagnera aussi des étudiants d’ici à Chisasibi et à la Baie James même.
Faisant alterner le local et l’international, elle répond à une autre invitation de l’UNESCO. Elle est alors mandatée par la Centrale de l’enseignement du Québec pour aller à Tolède en Espagne et représenter le Canada. Vous vous rendez compte ? Elle y a rencontré des hommes et surtout des femmes de La Bosnie, de la Roumanie, de l’Autriche, etc. qui ont initié des projets vastes et ambitieux pour sauver des enfants de l’horreur. À cette occasion, Françoise a aussi pu dialoguer avec des gens d’Israël et de Belgique. Une chose en provoquant une autre fort heureusement, elle a pris la présidence du Comité solidarité de Saint-Donat Enfance Internationale (SSDEI) suite à la demande d’une grande dame, madame Annette Riopel. Elle s’est alors rendue en Haïti : tout était presque rassurant et confirmait le bien-fondé de son engagement mais monsieur Guillaume St-Amour a eu la bonté et l’audace d’accompagner Françoise en 2011. Grâce à lui, Françoise peut aider des enfants pour le nécessaire c’est-à-dire de bons repas, l’usage d’équipements sanitaires, des livres, etc. via la vente de belles tartes de Guillaume ayant de légères imperfections. Elle a aussi pu compter sur des bénévoles dont son frère Michel Nadon et madame Carole Martin ainsi que sur mesdames Francine Picard et Louise Lizotte.
Elle assure également l’aide à l’enfance au Burkina Faso en recueillant des fonds qui serviront aux paysans, aux gens pauvres, aux orphelins et aux enfants vulnérables malgré le fait que le Burkina Faso perde le contrôle de son pays actuellement. Les gens du comité n’envoient plus de bénévoles mais ils trouvent le moyen de recueillir des dons et d’aider via un réseau de solidarité. Elle a toujours des idées. Tenez, plus récemment, avec Michel Nadon, elle a cultivé et vendu de belles gousses d’ail. Cet investissement de 70 $ lui a permis de récolter 2000 $ pour ses protégés.
Je termine en disant que Françoise continue son action en écrivant des articles, en participant à des comités ou en renseignant par le biais de causeries. Elle a tenu à dire que sans son conjoint tout cela serait impossible. Ce qui me ramène à mon histoire du début : nous avons la plaque de porcelaine, l’ampoule et Françoise tire la chaînette. Bien sûr nous avons des soubresauts électriques mais rien de majeur, vraiment, rien de majeur.

Source : Journal Altitude, Nicole Lajeunesse