Novembre 2015 : La dernière chronique nous a laissé sur l’arrivée de mon grand-père à Rawdon.

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Tout au long de sa route, il a fait connaissance à de bonnes gens, tantôt en anglais et tantôt en français. Un petit arrêt à Montréal, pour entendre parler des colonies du nord. Ils ont sûrement guidés notre grand-papa Joseph (père) vers cette destination. Pourquoi ne pas continuer à faire des sous et pourquoi ne pas chercher ailleurs. Il a alors entendu parler que, plus au nord, il faisait bon vivre et qu’il y avait place pour le commerce, donc l’appât du gain. Notre commerçant ambulant ou¨ Peddler à cassettes ¨ ce nom était de mise dans le temps, m’a-t-on dit, a parcouru le comté de Montcalm.

Toujours à la recherche de sous, pour acquérir le 5 000,00$ tant convoité, tel était leur but. Les deux frères avaient projeté retourner chez eux, avec en poche cette somme. L’un a dû s’en retourner, car nous avons perdu sa trace, mais notre grand-père avant de retourner vers son pays natale, préférait en avoir un peu plus, pourquoi ne pas doubler sa mise. Pouvez-vous vous imaginer, à la fin des années 1800, comment peut valoir ce montant : des riches !!! Aujourd’hui, on dit plutôt, des millionnaires.

Que de courage lui a-t-il fallu, pour encore voyager ? Il fallait bien y penser et s’organiser encore et encore. Notre homme était dans la vingtaine, tous ne s’entendent pas bien sur les dates, les âges et les années. Mais les fondements de son périple semblent vraiment dans ce sens, chronologiquement parlant.

Son commerce va bon train, il s’achète un fonds de commerce à Chertsey et un deuxième à St-Donat, les plus avisés vous diront, mais oui, c’était l’ancien emplacement du magasin de Richard Coutu, aujourd’hui quelque chose comme la pharmacie Familiprix.
Vous vous rappelez sûrement le grand feu au village, qui a tout brûlé ce site. Cet homme connaît la manière de faire de l’argent, tenir commerce, aider, comprendre ses vis-à-vis, tous égales, tous ont besoin d’amis, de connaissances, de bons voisins, mais, tous sont considérés comme des êtres humains de qualité. Une personne généreuse, qui ne voudrait pas vivre près de lui, le côtoyer ?

À Saint-Donat, il a fait une belle rencontre : Denise Brisson. Depuis que le monde est monde, le coup de foudre a-t-il toujours eu sa place ? Je ne sais pas, mais de source sûre, Joseph a été vraiment assommé. Retourner en Syrie, aller ailleurs au Québec, dans ces années-là, tout laisser et suivre son homme, n’était pas souhaitable, mais bien une coutume, mais un pensez-y bien, lorsque l’on connaît que, son petit monde, sa famille, son village ou le village voisin, déménager n’est pas à penser, ni à souhaiter. Donc Denise n’y voit que du noir, non, elle désire de rester ici, parmi son monde. Que fera Youssouf ? Il faut aimer, en pas pour rire, pour ne pas retourner vers les siens. Mais….

Le 9 août 1904 avait lieu le mariage de Joseph Issa-Haël et Denise Brisson, à Saint-Donat-de-Montcalm. Vous trouverez attaché à cette chronique, la photo qu’ils ont prise pour que l’événement reste marqué à tout jamais. Il ne faut surtout pas oublié que dans ces années-là, un photographe était très dispendieux, presque que hors prix pour les plus communs du monde. Nous en sommes très fières, c’est la raison de notre présence en ce village, si bien aimé.

Youssouf (Joseph) Haël-Issa et Denise Brisson, 1904
Youssouf (Joseph) Haël-Issa et Denise Brisson, 1904
Youssouf (Joseph) Haël-Issa et Denise Brisson, 1904

Suivez-moi, le mois prochain, et vous en saurez un peu plus…


Source : Solange Issa, née Issa, Journal Altitude 1350, novembre 2015