La grande maison et la pension

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Histoire de notre aïeul : Youssouf Haël Bin Issa
La grande maison et
L’auberge
La maison :

Dans les années qui ont suivi, aux alentours de 1930, Youssouf, son fils Joseph et toute la famille, ont travaillé d’arrache-pied, pour faire de leur maison, une habitation plus sophistiquée et habitable. Sur cette photo, je vous présente ladite maison. Vous ne pouvez pas voir les bâtiments adjacents, mais je vais vous décrire tout ce que vous devriez vous imaginer.

À droite de la bâtisse, il y avait la première petite maison, ayant été construite, avec autant de difficultés, pour un bâtisseur débutant, que de monter une cabane, avec des cartes à jouer, en plusieurs étages. Moi, je n’ai jamais bien réussit, à ce jeu.

À gauche, la maison tant convoitée, tant pensée, tant désirée. Mais regardez son allure, une fierté du temps, avant-gardiste ? Je ne crois pas, mais pour eux, ce fût un exploit. Le papa : malade, le plus vieux : pas si vieux que cela, encore à l’apprentissage de la vie, une femme : avec ses limites et ses enfants, mais trop jeunes, quand même. Ils ont sûrement été aidés par des hommes, des voisins, de la famille, de belles âmes aidantes, dans le temps, c’était monnaie courante. C’est si réconfortant de constater, que l’on peut être épaulé, par quelqu’un, dans les moments descendants de notre vie.

À l’arrière, attenant à la maison, bien placé, accessible, sûrement bien réfléchis, il y avait : un poulailler, une écurie et une grange pour le foin, en retrait, une soue à cochon. Aujourd’hui, si on veut se situer, je vous emmènerai, sur le chemin Aubé, de l’autre côté du lac, face au village. Ces bâtiments longeaient la haie de pins, qui sillonnent encore maintenant, ledit chemin.

En avant, il y avait un droit de passage, que les grands-parents avaient donné, pour permettre l’accès au lac, aux personnes habitants à l’arrière, dans les montagnes. Ils étaient très généreux et un bon penseur pour l’avenir, ainsi que possédant de grandes qualités d’âmes, pour aider les gens à avoir du bien-être dans la vie. Aujourd’hui, il n’existe plus ce passage, hélas ! … et ce droit de passage, a disparu, pour le bon plaisir de nouveaux riverains.

Longeant ce droit de passage, pour ne pas obstruer la vue du lac, il y avait leur glacière, près de l’eau. Reportons-nous dans ces années, pas de réfrigérateur, pas d’électricité, il faut conserver les denrées, la viande, le lait, la crème et le beurre, tous ces produits périssables. Dans ma tendre enfance, j’ai connu les labeurs déployés des hommes, pour scier de gros cubes de glace, provenant de la glace du lac. Ceux-ci étaient enfouis, sous une montagne de brin de scie, du moulin à scie.

Ces images sont si claires dans ma tête, mais que du travail dur à accomplir, à partir du lac gelé. Pour la jeunesse : cela voulait dire du patinage, mais pour les parents, cela voulait dire, la conservation des aliments pour la survie. Les gros cubes sortis de l’eau, allaient dans la glacière, près du lac. Les petits cubes se retrouvaient, dans le puits bien pierroté (en roches), ce qui gardait les aliments au frais.

Évidemment un boat-house, face à la maison. Et à l’embouchure de la rivière, il traversait à pied, pour rejoindre les champs des semailles, ici sur mon terrain, sur le chemin Solange.

L’auberge :

Les racines syriennes sont bien mises à l’honneur, concernant le commerçant dans l’âme de Youssouf, et ses gènes furent semés à toute sa famille, comme du bon pain. La suite va bien expliquer ma pensée et les informations de mes sources. Possédant moi-même ces petites bibittes de gènes, qui se sont baladées, dans le sang de grand-papa et aboutir en moi, deux générations plus loin. Regardez tout au tour de vous, et vous trouverez un Issa commerçant ou entrepreneur, pas rare, mais bien réel et présent. Ah ! Ces beaux gènes microscopiques.

Ils ont enfin réalisé le projet de la 3ième bâtisse avec un deuxième étage, pour bien loger la famille, mais Youssouf a eu de la chance, car les travailleurs du bois ou les bûcherons, commençaient à passer près de son terrain, pour bûcher la forêt, qui se trouvait à l’arrière plan, dans la forêt. La compagnie Maclaren était dans les parages, ce James Maclaren, né en 1818, à son décès, il laissa dans le deuil, ses 7 enfants, tous étaient dans le commerce du bois. Son nom a perpétué jusqu’ici, chez Youssouf.

L’auberge, le mot existait-il dans le temps ? Ou, la pension, comme dans Séraphin ? Aux environs 1930-1945. Il y passait sur ses terres et à sa maison, près de 300 à 400 hommes, car ils allaient faire du bois plus haut dans les montagnes, et devaient passer par chez lui, manger et/ou coucher chez lui, il fallait les loger, la famille s’occupait de les faire traverser le lac, avec leur chaloupe, tout ces hommes, l’un travaillait et les autres au désespoir s’ennuyaient, souvent à cause d’un labeur trop difficile, s’en retournaient chez eux. Cette rumba d’hommes, a apporté, du gagne chez grand-père. Ces bûcherons avaient besoin d’un endroit accueillant pour les nourrir, les abriter, les loger, comme Denise, notre grand-mère, était ¨ ben ¨ d’adon, ces hommes ont pu bénéficier, de moment de répit, aux confins de leur périple de bûcheron.

Malgré la maladie, la déchéance, les malheurs, il y aura toujours un soleil qui brillera pour soi. Voyez le courage, que ces gens avaient dans ces années de crise, il y a là matière à réflexion. Bon courage à tous.

La grande maison et la pension