La catastrophe du bombardier Liberator

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Un petit brin d’histoire : La catastrophe du bombardier Liberator

Le Liberator, un B-24D, s’est écrasé sur la montagne Noire le 19 octobre 1943. Le bombardier, par un temps pluvieux, quitte tardivement la base de Gander à Terre-Neuve pour un vol de routine vers Mont-Joli. À son bord : 4 membres d’équipage et 20 militaires en permission. Vers 1h45 du matin, après le dernier contact radio avec la tour de contrôle à Mont-Joli, on n’aura plus de nouvelles de l’appareil.

Aussitôt sa disparition constatée, des recherches sont entreprises. Le commandement aérien de l’est du Canada a effectué 728 sorties pour un total de 2438 heures de vol dans le corridor qu’aurait dû suivre l’avion, mais en vain.
(Source : Claude Lambert, anthropologue-historien)

Qu’ont rapporté les journaux de l’époque sur cette tragédie que l’on considère comme la plus grande catastrophe « militaire » aérienne au pays ?
Dans la Presse du 25 octobre 1946, sous le titre « Un trappeur se rend au Liberator » et
en sous-titre « Jos Gaudette (sic) déclare avoir vu quelques cadavres sur le théâtre de la tragédie ».

Saint-Donat, 25 (Spécial à la Presse) – Le chef de police Léopold Bertrand, de cette municipalité, nous a annoncé dans une conversation téléphonique, tard ce matin, que l’un de ses hommes, le trappeur Jos Gaudette, a atteint hier après-midi, à 1h30, l’endroit où un avion Liberator s’est écrasé il y a deux ans et demi. « Je ne peux pas vous dire combien il y a de cadavres. Il est certain cependant qu’il en a vu quelques-uns, dispersés sur un court rayon. L’appareil lui-même était endommagé, à demi rompu et avec un moteur incendié. Les trois autres moteurs semblaient intacts. »
Puis abordant le sujet du pillage des victimes par des coureurs des bois ou des conscrits cachés (1) dans la forêt, le chef Bertrand a formellement nié cette rumeur : « Il est absolument faux, a-t-il dit, que les vêtements des aviateurs tués avaient été pillés, et ce, pour les raisons suivantes : Mont sauvage « En premier lieu, l’endroit de l’accident est pratiquement inaccessible. Les débris de l’avion ont été retrouvés sur le flanc nord d’une montagne de 2 500 pieds située à 7 milles de Saint-Donat, en arrière de la « Montagne Noire ». C’est un lieu parfaitement sauvage et rocailleux. Les gens ne se dirigent habituellement pas de ce côté parce qu’il n’y a pas de lacs poissonneux dans les environs et que les moustiques y pullulent.

Mon homme, Gaudette, a dû partir de grand matin avant d’atteindre cette place et a dû revenir immédiatement pour ne pas être surpris par l’obscurité. Et pourtant, il connaît la région par cœur. Des non-initiés n’auraient certes pas pu s’y rendre. »

En second lieu, le chef Bertrand a déclaré que personne n’avait entendu l’accident en cet endroit parce que c’est trop loin du village et, qu’à sa connaissance, personne n’a jamais exhibé de dépouilles enlevées aux 23 (2) malheureux voyageurs de l’avion.
Curieux écartés Enfin le chef Bertrand dit que le gouvernement fédéral avait demandé à Jos Gaudette de monter la garde afin d’empêcher les curieux d’approcher d’ici la fin de l’enquête par les autorités de l’Aviation sur les causes et les circonstances de la tragédie.
Entre-temps, le directeur-adjoint Hilaire Beauregard de la Sûreté provinciale a dépêché sur les lieux des agents de la région afin d’ouvrir une enquête et de témoigner au besoin à l’enquête du coroner : « Je n’en ai pas envoyé auparavant, a-t-il dit, parce qu‘on n’avait pas encore trouvé l’avion et qu’il ne servait de rien de faire travailler nos hommes à vide. » À son sens, il ne croit pas que les victimes de l’avion aient été dévalisées par des passants.
(Le journaliste écrit Gaudette plutôt que Gaudet)

1-Ce n’est une surprise pour personne à l’époque que de nombreux jeunes gens se cachaient dans les montagnes pour éviter d’être enrôlés dans l’armée tel que la conscription les y obligeait.
2-Ce n’est pas 23 mais 24 victimes à suivre...on rend à Jos Gaudet sa vraie occupation