LA PENSION LEBLANC

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Non, ce n’est pas la Pension Leblanc du romancier Robert Choquette publié en 1927. Mais il aurait pu y emprunter quelques traits puisqu’en prologue il écrit que son histoire se passe dans la région du “Petit Nord” des Laurentides.

La Pension Leblanc. Oscar Leblanc d’où le nom de la maison de pension, arrive à Saint-Donat au début des années 1910. Marié à Maria Déziel dit Labrèche le 2 juillet 1900 à Saint-Jacques L’Achigan, ils auront trois enfants, Origène, Alice et Marie. Maria Déziel dit Labrèche est la tante de Jean Labrèche qui est maire de Saint-Donat de 1953 à 1959. Depuis 1916 la famille Leblanc habite la maison qu’elle a achetée en 1919 de Dougal McDonald père, gérant d’une compagnie de bois à Saint-Ligouri. Oscar Leblanc est cultivateur et utilise les produits de sa ferme pour la pension. Ces visiteurs ont le loisir d’être guidés à la pêche vers les bons endroits du lac Ouareau que connaissent bien Anthime St-Amour et son fils Donatien. Outre l’épouse de Oscar qui fait la cuisine, plusieurs jeunes filles du rang double viennent y travailler l’été : Yrène et Valéda St-Amour filles de Anthime, mes tantes Delmina, Germaine, et Rachel Lambert fille de Jos Lambert dit Dupras et plusieurs autres. Pour quelque temps la Pension Leblanc porte le nom de Hôtel Leblanc, puis, Hôtel Bellevue.

Vers 1930 un petit restaurant est aménagé près de la cuisine à l’arrière de la maison. Du côté sud de la maison, Oscar Leblanc fait construire une maison pour y loger d’autres vacanciers estivants.
Les Bleus ou les Rouges. Comme la tradition politique le permet à l’époque, les changements de gouvernements entraînent inévitablement des changements de personnel et les petits villages n’y échappent pas. Quand Hermas Piotte qui est un rouge (Libéral) voit que W.L. MacKenzie King premier ministre du Canada perd les élections en 1930 en faveur de R. B. Bennet un bleu (Conservateur), Oscar Leblanc, un bleu, reprend le Bureau de Poste à la Pension, installé là où est le petit restaurant. Hermas Piotte reprendra le Bureau de Poste (1937) suite à la victoire de MacKenzie King en 1935. Au printemps 1944 Oscar Leblanc vend la Pension à Mlle Maria Lavigne fille de Johny et de Marie-Louise Brisson. Quatre ans plus tard il décède à l’âge de 72 ans. Jamais plus on ne le reverra conduire son auto avec sa pipe qu’il tenait en plein milieu de sa bouche la tête relevée.
Mlle Lavigne conserve la pension jusqu’en 1953 année où elle vend la propriété à Abel Flemming. C’est la fin de la Pension Leblanc, celle-ci étant redevenue maison privée. Une découverte.

Lorsque j’ai visité Mme Claude Lamarche, demeurant à l’ancienne Pension Leblanc située au 2296 route 125 sud qu’elle ne fut pas ma surprise de découvrir à l’intérieur la charpente primitive de la maison ! Jusqu’à aujourd’hui, ceux et celles qui m’ont parlé de la Pension Leblanc se sont toujours souvenus que les murs intérieurs étaient lambrissés en petites planches embouvetées en “V”. Mme Lamarche ayant enlevé ces petites planches, derrière se trouvait une charpente de bois équarris en pièces sur pièces. En fait, la dimension originale de la maison faisait environ 19 pieds sur 20 pieds. Le carré de la maison est bâti de troncs d’épinettes sciés probablement au godendard, équarris à la hache dont les angles de la structure sont faits en queue d’aronde avec mortaise sur deux faces. Un travail remarquable. La grosseur des pièces de bois varie d’une dizaine de pouces à un pied en hauteur. Cet assemblage en queue d’aronde empêche le mouvement des pièces de bois ainsi que l’eau de pénétrer entre les poutres.

Mais au fait, qui construisit cette maison de colon ? Avant Dougal McDonald, le lot 7 fut occupé (pas nécessairement propriétaires) par Xavier St-Amour, Thomas Leroux, Adolphe Riopel, Almanzar Brault, Albert Brault (fils de Élie) et patenté par le même Almanzar Brault en 1888 (Altitude 1350, juillet 1992, pp.4). Combien existe-t-il de maisons en bois équarri à Saint-Donat dissimulé sous un nouveau revêtement ? Si vous en connaissez, communiquez avec moi au (819) 424-3720. Claude Lambert est anthropologue-historien.

Note. Je remercie sincèrement Mme Claude Lamarche, mon père Roch Lambert et M. Malcom Blagrave pour leurs précieuses informations.
Photo-vignette : La Pension Leblanc et ses divers agrandissements. À droite, la salle à manger, en haut les 4 chambres, à l’arrière la cuisine, le restaurant et le bureau de poste.

Source : Claude Lambert, anthropologue-historien, Journal Altitude 1350. Octobre 1993