L’école blanche et les religieuses (2)

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Au début des années 1920, on retrouve à Saint-Donat quatre écoles. Une au village, une à la Corniche, une au lac Ouareau et une au Pembina. La population en plein essor réclame de nouveaux bâtiments tant à la Corniche qu’au rang double. L’inspecteur d’école ne cesse de rappeler aux commissaires l’exiguïté des classes par rapport au nombre d’élèves. À l’école du village seulement, on retrouve près de 60 enfants où les deux classes ne suffisent plus. Les commissaires sont bien conscients du problème, mais le financement de nouveaux aménagements leur cause du souci.

L’arrivée de religieuses. Les premières démarches pour la venue de religieuses sont faites en 1921 lorsque les commissaires d’école signifient au curé Donat Guay leur désir d’engager des religieuses pour enseigner à l’école du village. Finalement, c’est le curé Arthur Regimbald qui réussit à faire venir, en 1923, les Soeurs Notre-Dame-de-Mont-Laurier. On leur aménagera un logement à l’école même et dès la deuxième année, on sera en mesure de leur fournir l’éclairage électrique. C’est effectivement en 1924 que l’usine électrique de Fernando Coutu commence à établir son réseau de distribution.

La construction du couvent ou “L’école blanche”. Les commissaires choisissent, pour l’emplacement de la nouvelle école, un terrain situé à l’est du presbytère et demandent au curé Regimbald et au diocèse de Mont-Laurier qu’il leur soit vendu. Bien que la vente se règle en 1926, les travaux du couvent sont déjà entrepris depuis un an et se termineront à l’hiver 1929. Au début, on avait eu l’idée d’une école de huit classes, puis on s’arrête dans un premier temps à quatre classes pour finalement passer à six classes. Ce ne sera que quelques années plus tard qu’on aménagera une septième classe.

Voici d’après un plan préparé par le curé Regimbald, l’aménagement intérieur lors du projet pour quatre classes. Au rez-de-chaussée : un réfectoire, une cuisine, une salle commune, un parloir et un corridor qui sépare deux classes ; à l’étage : un dortoir, une salle de couture, une chapelle (de 15 x 19 pieds) et un corridor séparant les deux classes. Pour la première année, on termine donc quatre classes avec le logement des soeurs et l’on termine les autres subséquemment. On sait peu de choses sur le détail de la construction si ce n’est que les travaux sont supervisés par l’entrepreneur Alfred Reid, de Sainte-Agathe, et également par Louis Ritchie, de Saint-Donat (1), que le chauffage est un système à l’eau chaude alimentée au bois et au charbon, et que le toit du couvent est donné à contrat à J.A. Landreville.

À la fin des années 1950, on démolira ce premier couvent pour construire l’actuel, soit Notre-Dame-de-Lourdes. Quant à l’ancienne école du village, elle servira dès 1928 aux séances du Conseil municipal.

Les Soeurs Sainte-Croix. Même si on leur avait déjà offert d’acheter le couvent, seulement deux ans après leur arrivée, les Soeurs Notre-Dame-de-Mont-Laurier songent déjà à quitter Saint-Donat. Au même moment, on se tourne vers les Soeurs Sainte-Anne pour leur faire la même proposition, mais on demeure sans nouvelles. Les Soeurs Notre-Dame-de-Mont-Laurier continuent donc à enseigner. Dans une lettre adressée au curé Regimbald en date du 21 juillet 1933, Mgr Limoges mentionne les raisons qui incitent les Soeurs à ne pas vouloir demeurer à Saint-Donat. Pour elles, “l’endroit (est) trop peu central et trop éloigné des chemins de fer”. Sachant le départ imminent des Soeurs Notre-Dame-de-Mont-Laurier, des représentations sont immédiatement entreprises, cette fois auprès de la Congrégation des Soeurs Sainte-Croix et des Sept Douleurs. L’année suivante, les Soeurs Sainte-Croix prennent la relève de l’enseignement au village pour y demeurer durant plusieurs années. Quant aux écoles de rang, l’éducation est toujours dispensée par des laïcs. Par ailleurs, le premier transporteur scolaire, de mention écrite, serait Oscar Rivest. Les commissaires d’école le charge en 1925 de faire le transport des élèves du Pembina au village. Il est payé 3$ par journée de classe, mais on ne dit pas combien d’élèves pouvaient contenir sa voiture et combien d’aller-retour il faisait.

(1) “Un moulin et son village”... Société Historique de Saint-Donat, Sylvain Gaudet, 1982. Note : Je tiens à remercier MM. Roch Desrochers et Marc Labelle pour leurs renseignements sur cette école.

Photo-vignette : Des élèves de 6e, 7e et 8 ième années en veston et cravate, probablement à la remise des prix de fin d’année, au couvent des Soeurs Sainte-Croix en 1948. On remarque les pupitres avec leur encrier, les cartes géographiques sans oublier les images dévotes en haut du grand tableau. Bien que l’ordre soit difficile à établir, on retrouve en première rangée : Gaby Juteau, Raymond Charbonneau, Wilfrid Lagacé, Aimé Morin ; deuxième rangée : Richard Bertrand, Victor Granger, Raymond Aubin, René Lafleur, Jean-Claude Desmeules ; troisième rangée : Gérarld Robidoux, René Nielly, Marc Labelle, André Charbonneau, Yvan St-Amour, le professeur Hervé Major, le curé Palma Allard, Richard Coutu, maire de Saint-Donat et Léo Bertrand, commissaire d’école.

Source : Claude Lambert, anthropologue-historien, Journal Altitude 1350. Avril 1994